Grande sportive et passionnée de vélo depuis de nombreuses années, Camille Garcia s'est fixée un incroyable défi au début de l'année 2025 : participer à la Race Across Paris. Ambitieuse et plus déterminée que jamais, notre graphiste a réussi sa mission.
Ce samedi 12 avril, après plus de 20 heures d'effort à pédaler et 325 kilomètres parcourus, la parisienne de naissance est arrivée au bout de son périple à Chantilly dans l'Oise. Retour sur cette course d'ultra-endurance à vélo !
La Race Across Series c'est quoi ?
La Race Across Series, bien que née en France avec la Race Across France (RAF pour les intimes), ne s’arrête pas aux frontières de l’Hexagone. C’est un concept de courses à vélo qui a fait des petits à l’étranger, avec des épreuves pensées sur le même modèle, dans des décors tout aussi dingues que le Mont Ventoux ou les lacets alpins.
L’idée de la Race Across Series est de développer un réseau international d’épreuves ultra-distance, toutes basées sur les mêmes valeurs :
- Aventure et autonomie
- Challenge sportif fort
- Accessibilité via plusieurs formats (souvent 100, 300, 500, 1000 km et +)
- Expérience humaine intense
Chaque course garde sa spécificité géographique et culturelle, mais toutes respectent l’ADN de la maison mère, Race Across France : des parcours balisés GPS, un suivi live et une quête personnelle avant tout. Toutes ces épreuves peuvent être réalisées en solo, en duo ou en quatuor.
Race Across Paris 300 km : un ultra-défi dense et exigeant
Le format 300 km de la Race Across Paris est une épreuve intermédiaire, exigeante mais accessible aux cyclistes aguerris. Voici quelques infos importantes concernant l'édition 2025 :
- Départ et arrivée : Chantilly, ville de départ emblématique de la série Race Across
- Nombre de kilomètres : 300 km sur le papier (325 km en réalité)
- Dénivelé : 2 700m de D+
- Traversée de zones naturelles, de villages typiques et de lieux historiques d’Île-de-France et alentours
- Rouler de jour comme de nuit, en autonomie ou semi-autonomie, avec points de contrôle GPS
C’est une épreuve où l’endurance mentale, la stratégie de gestion du sommeil, de la nutrition et du rythme sont clés. Elle se situe pile entre le "gros brevet cyclo" et l’ultra-distance à la Race Across France.
Entretien avec Camille Garcia : finisheuse de la Race Across Paris
Pas de grand discours, juste une envie viscérale de rouler. Camille est une cycliste passionnée, discrète, mais diablement déterminée. En ce qui la concerne, pas de dossards tous les dimanches, elle préfère les grandes échappées en solo ou en duo, les défis personnels. Et cette année, le format 300 km de la Race Across Paris cochait toutes les cases : exigence, beauté des paysages, autonomie et dépassement de soi.
Chantilly, vendredi 12 avril 2025, 21h. Tandis que le soleil vient de se coucher, notre graphiste, Tata Camille ajuste son casque, clipse ses chaussures de vélo et s’élance. Devant elle, plus de 300 kilomètres de bitume, de doutes, de frissons, et de pure liberté. La Race Across Paris 2025 tout simplement. Une épreuve à part. Un voyage intérieur en plein cœur de l’Île-de-France. Et pour Camille, une parenthèse sportive et humaine inoubliable.
Bonjour Camille, tu as participé ce week-end à la Race Across 300 Paris, comment s’est déroulée cette incroyable expérience ?
J’ai eu le temps de bien profiter de ma course. Nous sommes partis de nuit depuis Chantilly (au nord de Paris) aux alentours de 21h. Nous avons pris la direction de la capitale et de ses monuments emblématiques (Musée du Louvre, Tour Eiffel…). Durant les premières heures de course, c’était pour le moins rocambolesque à cause du trafic et des nombreux automobilistes présents sur la route. Il a fallu jongler entre adrénaline et vigilance.
À la sortie de Paris, au pied de la Tour Eiffel, nous avons pris le temps de faire une petite halte pour nous ravitailler avant de rejoindre la campagne. Cette pause repas était primordiale avant d'entamer la partie nocturne de la course.
Ensuite, jusqu’au petit matin et le lever du soleil, nous avons roulé vers le nord en direction de Beauvais. La nuit a été plutôt froide, le thermomètre est descendu jusqu'à 3°C. Nous n’étions pas forcément préparés à ces températures, même si nous avions prévu l’équipement nécessaire. Le petit-déjeuner et le café du matin nous ont permis de reprendre des forces avant d’entamer la redescente vers Paris.
Dans quel état physique et mental as-tu passé la ligne d’arrivée ?
Usée mentalement plus que physiquement ! Néanmoins, lors de notre arrivée, nous avons eu l'honneur d'être accueillis par Arnaud Manzanini en personne, le créateur de la Race Across France.
Comment as tu découvert la Race Across Series et comment t’es venue l’idée de faire plus de 300 km à vélo d’une traite ?
J’ai découvert cette franchise en écoutant des Podcasts et par le biais de l’ancien cycliste de haut niveau Arnaud Manzanini. C’est un concept accessible et ouvert à tous qui offre la possibilité à un ou une passionné de cyclisme de réaliser un ultra.
Avant cette course, quelle était ta sortie la plus longue à vélo ?
Par le passé, j’avais déjà couru une GravelMan de 150km mais je voulais aller au-delà. Je me sentais capable d’aller encore plus loin, de repousser mes limites. Lorsque j’ai pris mon dossard en début d’année, je ne pouvais plus reculer. L'échéance était fixée !
Tu as réalisé cette course en binôme avec ton frère. C’était une évidence pour toi ?
Clairement ! C’est avec lui que j’ai effectué mes premières sorties VTT. C’est un peu grâce à lui que je suis passionnée de vélo aujourd’hui. Sur cette course, lors des moments plus difficiles, il a été d’une aide précieuse. C’est un gros rouleur, j’ai donc pu profiter de son aspiration lorsque le vent venait de face. Faire cette course en binôme permet de se soutenir mutuellement.
Quelles étaient les consignes à respecter tout au long de la course et qu’as-tu pensé de l’organisation de cette manifestation sportive ?
Avant le départ, nous avions téléchargé, puis inséré le tracé GPX de la course dans notre GPS connecté. Nous étions également munis d’un tracker afin d’éviter d’éventuelles erreurs ou tricheries de la part des participants. Nous avions néanmoins la possibilité de sortir de la trace à condition de revenir exactement à l’endroit où nous l’avions quitté. En ce qui concerne l'ambiance. C'était top ! La bienveillance entre participants était de mise tout au long de la course. À la moindre difficulté, les coureurs se viennent en aide mutuellement. C’est une très belle communauté !
Avais-tu des craintes avant de partir ?
Je savais que la tête allait tenir mais j’avais surtout peur d’avoir des douleurs aux cervicales ou un accident sur la route. Lors de ma prépa, j'ai fait quelques séances chez l'ostéopathe et des exercices d’assouplissement réguliers. Finalement, aucune douleur !
Durant ces 20 heures de course, as-tu connu des galères techniques ?
Aucune ! Pas une seule crevaison (rires). Même si le profil était 100% route, nous avons opté pour des vélos de type gravel. Avec des pneus plus résistants et en optant pour plus de confort et de stockage, nous avons fait le bon choix.
As-tu une ou deux anecdotes marquantes à nous raconter sur cette aventure ?
À la sortie de Paris, lors de notre première pause en terrasse, nous avons rencontré deux parisiens qui participaient également à la course. Rebelote, sept heures plus tard, lors de notre arrêt au stand à Beauvais. Nos deux compères du jour sont apparus comme par magie pour boire le café avec nous. Au final, ils ont terminé l’épreuve avec une heure d’avance sur nous.
Quel a été ton plan d’entraînement pour te préparer à une telle distance ?
J’ai commencé par m'informer en lisant quelques articles de blog consacrés aux longues distances à vélo et à suivre des comptes de coachs sportifs sur les réseaux sociaux. J’ai aussi fait beaucoup de Zwift (1 à 2 sorties en semaine), des séances plus courtes pour travailler la puissance et la cadence. Ce qui m’a permis de faire des sorties longues en pleine nature le dimanche.
Il y a plus d’un an, tu as craqué pour un Home Trainer connecté. Cet équipement sportif d’intérieur a-t-il été d’une grande aide lors de ta préparation ?
Il est devenu l’élément indispensable dans ma pratique ! L’hiver, lorsque les conditions météo se dégradent, il faut faire preuve de courage pour braver le vent, le froid et le crachin breton (rires). Grâce à lui, j’ai pu maintenir une cadence de pratique sportive soutenue.
Très peu de femmes ont participé à cette course d’ultra-cyclisme. Quelle est pour toi la principale explication ?
Je ne l’explique pas vraiment… Il y a toujours une part de risque à vélo. Les femmes sont peut-être un peu moins téméraires que leurs homologues masculins.
Le cyclisme féminin est de plus en plus médiatisé. Ce samedi 12 avril quand tu étais sur la route, la française et championne olympqiue de VTT cross-country, Pauline Ferrand-Prévot a remporté le Paris-Roubaix devant des milliers de téléspectateurs, quel est ton regard à ce sujet ?
C’est une très bonne avancée ! Les femmes doivent comprendre que le cyclisme n’est pas réservé qu’aux hommes. “PFP” fait clairement office de modèle pour les jeunes filles. Cet été, elle sera au départ du Tour de France féminin qui part de Vannes. J’espère pouvoir la croiser (rires) !
Pour finir, aurais-tu un conseil pour tous les amateurs et amatrices de vélo qui souhaitent se lancer dans l’ultra-cyclisme ?
La régularité ! Ne pas sauter les étapes et y aller de manière progressive. Il est primordial de bien préparer son corps pour l’amener sur de l’ultra-distance. Et enfin, prendre du plaisir avant tout !
Tu penses remettre ça bientôt ? Race Across Belgium en mai ou Race Across France en juin ?
L’ultra-distance était une petite parenthèse. Je vais désormais me focaliser sur mes deux prochains triathlons qui arrivent très vite, avant de me préparer à la Grande Traversée du Vercors à VTT qui se déroulera en juillet.
Bravo Camille pour ton incroyable performance ! Nous espérons te retrouver rapidement à vélo sur les routes du Golfe du Morbihan ou ailleurs en Europe.
Lors de cette aventure grandeur nature, Camille a parfaitement incarné l’esprit du vélo sans chichi. Celui qui sent la sueur, le silence, et l’envie d’avancer pour soi. Parce qu’elle montre que la performance peut rimer avec plaisir. Et parce que 300 km à travers l’Île-de-France, ce n'est pas rien !