C’est une première pour moi d’écrire publiquement une histoire. Ce que je vais vous raconter dans cet article n’est en aucun cas un exemple à suivre (bon nombre de personnes riront à la lecture de cette phrase d’ailleurs) mais simplement le partage de mon expérience personnelle, en tant que passionnée.
Comment fait-on pour passer du semi-marathon à l’ultra-trail ? De la route de Bretagne aux sentiers de montagne ? De l’explosivité à l’endurance ? Sans aucune notion fondée sur le fonctionnement du corps, je connais maintenant le mien et ce qu’il est capable d’accomplir lorsqu’il se sent prêt. C’est ce que je souhaite vous partager à travers ces quelques lignes.
Le jour où tout a commencé, je n’étais que spectatrice sur Le Grand Raid de l’Ultra-Marin
Tous les ans, au début de l’été (fin Juin plus précisément) a lieu la magnifique et exigeante course qui borde les sentiers du golfe du Morbihan : L’ultra Marin. L’arche de départ, présente sur l’esplanade du port de Vannes, est également l’arche d’arrivée. Une boucle de 177km à réaliser dans un temps maximum de 42h en semi-autonomie.
Comment ne pas être impressionnée par ces sportifs et aventuriers qui se lancent dans un tel défi ? C’est en 2018 que j’ai vraiment découvert ce qu’était la longue distance et la souffrance qu’elle peut engendrer, mais également la fierté dans les yeux de ceux qui l’accomplissent.
Cette année-là, j’étais adhérente au club de l'ASPTT course à pied, un groupe de coureurs aussi appelé « les petits bleus » dans le secteur, où joie de vivre, sport et bonne humeur sont de mises. Je n’étais qu’une « débutante » en course à pied mais je prenais déjà beaucoup de plaisir à allonger la distance (qui ne dépassait pas les 20 km, je précise).
Alors que nous profitions de cette belle soirée d’été entre membres de l’ASPTT, autour d’un apéro estival, nous assistions également à l’arrivée de la première partie des coureurs de l’Ultra Marin. J’ai décidé d’accompagner un ami sur ce mythique dernier kilomètre, partant du club d’aviron situé rive gauche, jusqu’à l’arche d’arrivée. La fameuse arrivée, fixée sur la rive droite du port. J’ai décrypté la fatigue sur son visage, l’épuisement dans son corps et la satisfaction d’arriver au bout de ce périple, dans ses yeux. C’est à ce moment-là, du bas de mes 20km (grand max), que je me suis dit « Un jour, moi aussi je serai finisher d'un ultra-trail ».
Un nouvel Ultra-Trail a lieu en France : le Grand Trail de Serre-Ponçon
Mon copain, Thomas Cherubini, déjà expérimenté sur la longue distance avec un joli palmarès : CCC, TDS, UTMB, Grand Raid des Cathares, Marathon des Sables… et bien d'autres courses où les kilomètres s'étendent, a toujours cru en mes capacités. Il y a toujours cru, plus que moi-même d'ailleurs. A l’été 2020, après mon retour du Tour du Mont Blanc solo en 6 jours, il était convaincu : « Tu es capable de courir un Ultra-Trail, j’en suis maintenant sûr ». Ok. Bien plus facile à dire qu’à faire. Toujours est-il que ça me remplissait de bonheur. L'idée même d'y penser me rendait presque euphorique.
Le temps passe. Les fêtes de Noël arrivent. J’avais mis sur ma liste une veste imperméable pour le trail running et des tongues de récupération Salomon. (Il n'y a pas plus confortable, je vous assure !). J’ai été gâtée. Mais ce n’était pas tout : Une enveloppe m’attendait coincée dans une branche du sapin. L'enveloppe était blanche à l'extérieur et à l'intérieur, elle cachait une petit mot avec les inscriptions suivantes : « Grand Trail de Serre-Ponçon – 177 km – 11000 m de dénivelé positif – En duo mixte – Le 17 Septembre 2020 ».
Wouha... Ok. Le temps de prendre conscience de la grandeur du "truc" les larmes me montaient. Je vous laisse imaginer l’émotion. J’étais inscrite sur un ultra trail de 177 km. Moi, la petite coureuse sur route que j’étais. La peur dans le ventre mais les étoiles dans les yeux, je me suis lancée dans un semblant de prépa. Eh oui, un "semblant de prépa", parce qu'en réalité, par où commencer ? Je n'en n'avais aucune idée.
Ma préparation à l’Ultra-Trail de Serre-Ponçon : Légère mais efficace
Bien évidemment, je partais de rien. Mon copain qui lui, connaissait déjà bien l’ultra-trail, n’est pas vraiment un exemple auquel je pouvais me référencer. Il court au plaisir, il roule par beau temps et il est solide comme un rock. Moi pleine d’incertitudes, je me sentais plutôt fragile. Il m’a aiguillé, bien sûr. Mais j’avais besoin de plus de conseils. J’ai alors butiné à droite et à gauche, récoltant ainsi de précieux avis auprès de grands sportifs, d’athlètes Tonton, comme Stéphanie Le Floch, Yohannes Dano et Arnaud Hairie. Mes collègues Tonton Outdoor m’ont également conseillé, dont Maëlan Dahyot.
La règle était simple : BORNER. Impossible pour moi de dépasser les 80 km par semaine. Il fallait que je fasse avec. J’ai donc alterné entre Home Trainer, sorties longues et renforcement musculaire. J'ai pu partager de jolies sorties longues avec mes collègues de choc : Marin Dorval, Quentin Raoult, Jérémie Guérin et Lolo Bléher ! L’avantage, c’est que je connais maintenant le tour du lac de Guerlédan par cœur et le programme fitness de Sissy, par la même occasion ! Bref. Le plus dur était de prendre le temps de courir, courir, courir… et courir encore.
L’Ultra Trail des Monts d’Arrée (80km) en Avril, m’a rassurée. J’ai franchi la ligne d’arrivée sans bobo, sans dégoût et avec le grand smile. Psychologiquement ? J’étais prête. Physiquement, cela restait à voir.
En résumé, ma préparation physique s’est déroulée « au feeling ». Les conseils avisés de mon entourage m’ont aidée, malgré mon choix de m’entraîner « à ma sauce » pour cette première expérience. Thomas lui, s’est entraîné de son côté. On partageait certaines de nos sorties longues, pour ne pas dire toutes. J’ai peut-être un peu (je l’admets) négligé le kilométrage / semaine. Mais s’il y a une chose que j’ai pris soin de m’imposer durant cette préparation, c’est très clairement le sommeil. Dormir. Je faisais des nuits de 8h et des siestes quand c'était possible. Mon objectif : Dormir beaucoup pour bien récupérer, faire le plein d’énergie et combler le manque de sommeil que je ressentirai très certainement durant ces 50h de course.
Début Septembre : La date buttoir se rapprochant, il était temps pour nous de faire un « point matos » et de commencer la préparation de nos sacs. Il était bientôt l’heure de s’envoler vers Embrun, ville de départ de cette, tant attendue, aventure !
Grand Trail de Serre-Ponçon : La préparation de mon matériel et de mon sac de trail
50h pour effectuer 177km avec 11000 m de dénivelé positif, c’est potentiellement deux nuits et deux jours de course. Il faut donc tout prévoir, tout calculer, ne rien oublier. Notre course dépend de beaucoup d’éléments extérieurs, mais en grande partie de la préparation de notre matériel de trail.
Je vous fais une petite liste de mon matos pour le trail de Serre-Ponçon ? Allez c’est parti !
Tout d’abord, le matériel obligatoire à emporter, dans notre sac de trail, dès le début de la course :
- - Une veste à capuche avec membrane imperméable de minimum 10 000 Schmerber. La veste Zeroweight Dry Dual Waterproof Odlo est idéale par exemple.
- - Un collant de trail long. J'ai opté pour mon Essentiel Odlo : Simple mais efficace !
- - Un sac d'hydratation avec flasks. J'ai choisi le sac de trail Oxsitis avec trois flasks de 0,5L. Thomas portait le modèle Instinct Eklipse 12L.
- - Un gobelet individuel pour les ravitos liquides, du type l'Oxsitis Cup.
- - Une réserve de nourriture : des barres énergétiques, des gommes, des nougats... etc. L'alimentation est très personnelle et propre à chacun sur un ultra. Nous avions tous les deux opté pour des barres Cliff, des barres Overstims, des nougats Overstims, des gommes Blocks, des compotes, des fruits secs et des petits sandwichs jambons beurre. PS : Tout est permis à condition de bien le digérer !
- - Une lampe frontale avec sa batterie de rechange : Nous avions tous les deux une Nao+ Petzl avec un accu Nao+. Mais la Trail Speed 5XT Silva est également très adaptée.
- - Une couverture de survie.
- - Un sifflet de sécurité.
- - Un téléphone portable chargé.
En plus de ce matériel obligatoire, notre assistance (une amie qui a accepté de nous suivre tout du long de cette folle aventure) avait des réserves de nourriture type sandwichs, bretzels (ils m’ont sauvé la vie), tucs, soupes, plats lyophilisés (la tartiflette sur ultra-trail you know ?). Dans mes flasques, sur la moitié de la course, je mettais de la boisson Ergysport pêche ou des pastilles de Taa, qui ont fini par m’écœurer à la fin (oups).
Niveau équipement de trail, Noémie (notre assistance) avait également dans un sac, mes petites pépites de chaussettes 5 doigts Injinji, indispensables à mes pieds pour éviter les ampoules, de la crème anti-frottement NOK, une culotte Icebreaker de rechange. L’avantage de cette culotte sur du long est incroyable : elle sèche ultra rapidement, elle est légère et anti-frottement.
En cas de grand froid, ou pour la nuit, nous avions prévu des vêtements de trail chauds : une micro-polaire type R1 Techface Patagonia ou Delta LT Arct'éryx, un collant long de rechange, un bonnet respirant Odlo, des gants isolants et un buff. Bien sûre, une paire de chaussures de trail de rechange, pour la deuxième partie de course : Une paire de Salomon S/Lab Ultra pour moi et une paire de Mafate Speed Hoka pour Thomas.
Une fois que la liste de notre matos à emporter était cochée, on a glissé le tout dans nos sacs respectifs, le Black Hole Patagonia pour moi et le sac de voyage Base Camp The North Face pour Thomas. Nous étions fins prêts à décoller vers cette aventure qui promettait de belles émotions !
Grand Trail de Serre-Ponçon en duo mixte : le départ !
Après une petite semaine d’acclimatation aux paysages montagneux et au lac de Serre-Ponçon, le grand jour est arrivé. L'heure du départ du Grand Trail de Serre-Ponçon a sonné !
Il était important pour moi de me sentir bien pour ce début de course. J’ai donc enfilé la tenue dans laquelle je me sens la plus à l’aise :
- - Cuissard Gore
- - T-shirt manches courtes Odlo
- - Manchons de compression BV Sport
- - Chaussettes de trail Injinji
- - Gel-Trabucco Asics
- - Casquettes Cool-lite Odlo
- - Lunettes de soleil Oakley Radar EV-Path
- - Sac de trail Oxsitis
- - Flasks Oxsitis
- - Bâtons de trail Lekki
Une petite photo souvenir avant le départ, le gros smile, l’envie d’en découdre et BIM coup de sifflet : Let’s go !