Noa Ohms, ce nom ne vous dit peut-être rien et pourtant… À seulement 20 ans, ce jeune parisien vient de battre le record du tour de Paris par le GR 75 en parcourant 53 kilomètres en seulement 3 heures, 45 minutes et 3 secondes. En réalisant cet exploit, ce coureur originaire de Bavière en Allemagne succède à Mathieu Blanchard et Antoine Clément. Plus connu sous le nom de Casquette Rouge, Noa a choisi ce surnom pour faire un clin d'œil à celui qui l'a inspiré à ses débuts : l'ultra-traileur Alexandre Boucheix alias Casquette Verte.
Salut Noa, tu viens d’effacer des tablettes l’ancien record détenu par Antoine Clément avec un temps officiel de 3 heures 45 minutes et 3 secondes, quel est ton ressenti ?
Une immense joie ! Il y a eu tellement d’imprévus et de difficultés rencontrées sur ce parcours que j’ai même pensé à tout arrêter durant la course.
Justement, quelles ont été les grandes difficultés à gérer lors du parcours ?
Mon équipe et moi avons décidé de relever ce défi sans la moindre reconnaissance. À postériori, c’était sans doute une grosse bêtise. En effet, certains parcs étaient totalement fermés, des portions du parcours étaient en travaux, il a donc fallu que nous nous adaptions. J’ai même parfois escaladé certains grillages et subi quelques belles chutes. De manière générale, je n’ai jamais vraiment pu me focaliser sur moi-même, j’étais toujours en alerte ! Néanmoins, la chose la plus difficile a été la gestion de l’eau. Je n’avais pas prévu assez d’eau et vers la fin du parcours, je n’ai pas bu la moindre goutte durant 13 kilomètres. Et lorsque j’ai rejoint mon ami Christian vers Boulogne, nous avons glissé dans des excréments de canard et ma flasque de soda par la même occasion. J’ai réussi à rester focus mais c’était bien « dégueulasse » (rires) !
L’aide de tes amis a-t-elle été indispensable pour arriver au bout de cet objectif ?
Oui indéniablement ! Le simple fait de s’arrêter à un feu rouge est un enfer et croyez-moi qu’il y en a un grand nombre à Paris (rires). Pour tenir les portiques, ouvrir la voie à vélo ou encore pour le ravitaillement leur aide a été précieuse. C’est une victoire d’équipe !
Comment t’es venue l’idée de réaliser ce défi ?
Après la claque subie lors de l’Eco trail de Paris où j’ai couru en étant malade, j’ai vite voulu rebondir en trouvant un nouveau challenge. Dans la capitale, tout le monde parle du GR 75 et je me suis dit que c’était le bon moment pour tenter ce défi un peu fou.
Quel matériel as-tu utilisé lors de cette course ? Pourquoi as-tu choisi de t’équiper chez Tonton Outdoor ?
Pour ce tour de Paris, j’ai utilisé un ensemble textile S/LAB de chez Salomon avec également la S/LAB Phantasm 2 aux pieds. En ce qui concerne le sac d’hydratation, j’ai opté pour l’ADV Skin 12 L de couleur rouge bien entendu. Côté nutrition, j’ai consommé de nombreux gels énergétiques de la marque Ta Energy qui m’ont apporté un regain d’énergie quand j’en avais le plus besoin. Enfin, je ne pouvais pas réaliser ce record sans l’aide de ma casquette rouge (rires) !
En ce qui concerne ma rencontre avec Tonton Outdoor, j’ai découvert la boutique parisienne vraiment par hasard en me promenant dans le quartier du Marais ! En voyant la paire de chaussures de trail de Xavier Thévenard à l’entrée du magasin, je ne pouvais pas m’empêcher d’y faire un tour. À l’intérieur, j’y ai découvert une véritable mine d’or et j’ai tout de suite été séduit par l’esprit des tontons.
Quels sont tes prochains objectifs pour cette année 2024 ?
Je ne me fixe aucune limite ! J'ai soif de compétition ! J'ai réellement envie de me confronter à l'élite du trail malgré mon jeune âge. Comme dirait un certain Kylian Mbappé : « Moi, tu ne me parles pas d’âge ! » (rires). En juin prochain, je vais me rendre à l’île Maurice pour participer au Mauritius by UTMB, qui fait partie désormais du circuit UTMB World Series. Je vise les plus hautes places, car les trois premières marches du podium sont directement qualificatives pour l’UTMB du Mont-Blanc. C’est un réel défi sur 135 kilomètres ! Trois semaines après, je m’alignerais également sur le Dodo Trail. Enfin, j’ai dans un coin de ma tête la Diagonale des Fous de la Réunion qui est une course mythique pour tous les traileurs du monde entier.
Qui est Noa Ohms alias « Casquette Rouge » ?
Tu t’es surnommé « Casquette Rouge », d’où t’es venu cette idée ?
L’année dernière, lors de mon séjour à l’île Maurice, j’ai commencé à entendre parler de Casquette Verte avec l’un de mes voisins. Ensuite, lorsque je suis arrivé à Paris en septembre, tout a commencé lors d’une sortie le long des quais de Seine, lorsque j’ai rencontré complétement par hasard, Adrien, un collègue de travail de Casquette Verte. Après plusieurs semaines d’entraînement, j’ai décidé de prendre le nom de « Casquette Rouge » pour faire un clin d'œil à Alexandre Boucheix (Casquette Verte) qui a été une réelle source d’inspiration à mes débuts. En tant que parisien, c’est une fierté pour moi de courir avec cette casquette. Le rouge est ma couleur préférée et m’évoque le dépassement de soi. Aujourd’hui, elle ne me quitte jamais !
Depuis combien de temps pratiques-tu la course à pied ?
J'ai une histoire un peu particulière avec la course à pied. Durant mes années de lycée, en Allemagne, j'avais une chaîne TikTok où je faisais des vidéos humoristiques qui fonctionnaient très bien avec des millions de vues. Après le Bac, sans aucune raison, cette chaîne a été bannie. Après avoir touché du doigt mon rêve, j'avais l'impression de repartir de zéro. À la suite de cet épisode malheureux, il me fallait trouver un nouveau défi. À cette époque, je travaillais tous les week-ends dans une boulangerie à Augsbourg. Un soir, sur un coup de tête, après ma journée de travail, j'ai pris le train direction Munich, j'ai acheté un sac d'hydratation et je suis revenu à Augsbourg en courant. Pour l'anecdote, j'ai dû prendre un taxi pour terminer ce périple de 56 kilomètres tellement mes genoux étaient gonflés. Un mois après, j'ai renouvelé l'expérience et je suis arrivé au bout du parcours sans taxi cette fois-ci. Par la suite, j'ai arrêté de courir pendant un long moment et je suis parti rendre visite à mes parents sur l'île Maurice. Ce séjour a été un véritable déclic et une vraie prise de conscience. Sur place, j'ai participé à plusieurs trails, j'ai réalisé mon premier ultra-trail et je me suis vite rendu compte que j'avais des qualités pour la pratique du trail. Durant les courses, j'ai même eu la chance de courir aux côtés du légendaire Jean Will Smith avec qui je garde encore contact aujourd'hui. Après plusieurs mois sur l'île, j'ai rejoint Paris pour entamer mes études supérieures et à l'heure actuelle, je continue de courir tous les jours.
Tu habites la région parisienne depuis septembre, comment gères-tu tes entraînements ?
Aujourd’hui, je n’ai ni coach, ni préparateur physique, je cours la plupart du temps seul ou avec des amis. Par ailleurs, j’écoute beaucoup de podcasts pour m’inspirer des plus grands mais j’aime garder cette sensation de liberté. J’engrange de l’expérience au fil de mes courses et je vis au jour le jour. Avec l’envie, je pense que l'on peut tout casser ! J’aime me lancer des défis qui paraissent inatteignables. Concernant mes séances avec du dénivelé à Paris, malheureusement nous n'avons pas un large choix. J'essaye de varier en allant à Meudon, à Montmartre ou au Parc des Buttes-Chaumont.
Tu es étudiant en école de commerce, comment arrives-tu à gérer la pratique du sport à haut-niveau et tes études ?
Une journée ne dure que 24 heures ! C’est parfois compliqué de gérer ma vie étudiante et mes entraînements du quotidien. Je n’ai que très peu de temps pour bien me faire à manger et avoir une alimentation de très bonne qualité. Néanmoins, je me consacre à 100% à ma pratique et je suis totalement dans ma bulle.
Encore un grand bravo Noa pour ce record ! Nous avons hâte de te retrouver sur les prochaines courses de cette année 2024 et dans l’une de nos boutiques TTO. Pour vivre en images ce record complétement fou, découvrez la vidéo par ici : https://www.youtube.com/watch?v=4-bgNXLeTJc
© Crédits photos : Teddy Dewavrin