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07/08/24

Tonton Outdoor

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Les 14 x 2000 des Bauges de Marius Simon

Les 14 x 2000 des Bauges de Marius Simon

PRÉMICES DE MON AVENTURE DES 14 x 2000 DES BAUGES

Le hasard veut qu’il y ait 14 sommets à plus de 2000m dans les Bauges, un parallèle amusant avec les 14 sommets à plus de 8000m sur notre planète. Vivant à Annecy, j’aperçois toujours ces quelques pointes au loin, à l’autre bout du lac. Alors un beau jour, l’appel de ces cimes sonna comme une évidence.

Randonneur plutôt aguerri mais piètre alpiniste, et préférant faire l’éloge du local et de la lenteur pour cette aventure, le Parc Naturel Régional des Bauges semblait être l’endroit parfait pour fouler de nouveau les sentiers.

Je débute donc des recherches et dresse une liste de ces 14 sommets : Dent de Cons (2062m), Mont Trélod (2181m), Mont Colombier (2043m), Mont de la Coche (2070m), Tré le Mollard (2035m), Dent d’Arclusaz (2041m), Pointe de la Sambuy (2198m), Arcalod (2217m), Pointe de Chaurionde (2173m), Pointe des Arlicots (2060m), Grand Parra (2012m), Pointe des Arces (2076m), Mont d’Armenaz (2158m) et le Mont Pecloz (2197m).

Très vite, je me rends compte que certains se lancent sur une traversée d’une traite par l’itinéraire le plus rapide afin d’établir un record de vitesse. Pour ma part, je souhaite aller à contre courant et proposer un projet davantage photographique et artistique que sportif. Certes, il faudra monter sur toutes ces montagnes, mais en prenant avec moi mes appareils et surtout, mon temps.

En juillet 2023 j’annonce donc dans la presse locale et sur mes réseaux le projet 14x2000 qui consistera à gravir toutes les plus hautes cimes du parc pour en photographier tout le patrimoine naturel au numérique et à l’argentique.

 

CHAPITRE 1 : LE DÉBUT D'UNE GRANDE AVENTURE

Suite à l’annonce du projet, je reçois de nombreux messages sur les réseaux de personnes intéressées à m’accompagner sur une ascension et décide donc de partager cette aventure pour lui donner une dimension plus humaine. L’occasion donc de faire découvrir ce magnifique endroit à d’autres personnes et de rencontrer d’autres passionnés de montagne. 


Dès le mois d’août, la première ascension (Dent de Cons) donne le ton avec une montée plutôt raide, parfois vertigineuse mais offrant des vues sublimes sur les sommets environnants. Je me rends donc régulièrement dans les Bauges depuis chez moi afin de vivre ces parenthèses contemplatives qui me permettent de respecter une vieille promesse faite à moi même : passer le plus de temps possible en nature.

Ce projet, c’est finalement une belle opportunité de mieux découvrir ce massif à deux pas de chez moi, de me plonger dans sa géographie, d’en explorer ces reliefs et de capturer de nombreux fragments, témoins de la beauté de ces espaces. La deuxième ascension (Mont Trelod) nous permettra d’observer la faune variée du parc : marmottes, chamois, vaches... pour notre plus grand bonheur !

Il existe d’ailleurs dans les Bauges une aire protégée : la réserve nationale de chasse et de faune sauvage (RNCFS) qui instaure des règles strictes de bonne conduite permettant aux équipes scientifiques de travailler sans dérangements et aux animaux de pouvoir se reproduire et hiverner dans de bonnes conditions. Ainsi, le Parc veille à assurer une conservation de la biodiversité dans ce coeur de nature.

Très rapidement, je m’attache à ce massif et continue mes ascensions. En septembre, ce sont le Mont Colombier, le Mont de la Coche, Tré le Mollard et la Dent d’Arclusaz que je gravis, toujours en compagnie d’amis qui se joignent à moi : Vincent, Ophélie, Dimitri, Anna... Ces ascensions sont toujours un prétexte pour échanger, discuter plus en profondeur avec les personnes qui m’accompagnent. Loin du tumulte habituel de nos quotidiens, nous avons ici toutela place pour s’écouter, se confier. Comme si le silence autour et les grands espaces étaient de rassurants confidents.

Ce chapitre 1 sera clôturé par une belle leçon de vie. Suite à un article de presse dans le Dauphiné Libéré, je reçois un mail de René, un randonneur de 82 ans ayant réalisé toutes sortes de prouesses sportives dans sa vie. Il me dit effectuer ce même projet dans les Bauges et très vite nous décidons d’effectuer une sortie ensemble : la Pointe de la Sambuy et la Pointe de Chaurionde. Début octobre, nous nous retrouvons à la station de la Sambuy, René, son beau frère Pierre (73 ans) et moi même, parés pour cette nouvelle journée de marche. Je me souviendrai longtemps de ces quelques heures passées avec eux, à échanger sur nos vies, nos réalisations et nos rêves. Après quelques passages à câbles nous obligeant à poser les mains, nous atteignons le sommet de la Sambuy. Elle nous offre des vues sublimes sur les autres sommets des Bauges et notamment cette magnifique ligne de crête qui mène à Chaurionde.

L’objectif était de redescendre quelques mètres pour atteindre ce chemin de crête mais après de nombreuses recherches et tentatives infructueuses nous sommes contraints de renoncer. Nous n’arrivons pas à trouver le sentier, pourtant visible sur la carte, et la désescalade devient un peu trop engagée. Dès lors, nous préférons rentrer. La montagne est parfois plus forte. Nous faisons donc demi-tour et de retour au parking je compris toute la leçon de cette journée : cultiver sa curiosité, tester et apprendre continuellement.

Cette ascension marquera la fin du chapitre 1 avec la moitié des sommets atteints, déjà une multitude de souvenirs en tête et des centaines d’images à trier. L’hiver arrive et laisse la neige recouvrir tous ces sommets, qu’un certain Fabien Maierhofer s’amusera a gravir en ski de rando ! Pour ma part, je passe l’hiver entre le Grand-Bornand et Annecy, remettant à la saison prochaine mes ambitions.

 

CHAPITRE 2 : LA DEUXIÈME PARTIE DES 14 SOMMETS DES BAUGES

Des mois de froid, de ski et de raclettes plus tard, l’hiver laisse place au printemps puis à l’été et surtout à mon envie de reprendre et clôturer ce projet 14x2000. Il n’est pas toujours aisé de mener ce genre de dessein à côté du travail et des obligations de la vie quotidienne car il demande du temps et de l’engagement. Mais je suis bien sûr d’une chose, le chapitre 1 n’a fait que m’ouvrir l’appétit et je compte bien explorer encore davantage ce parc grandiose.

C’est donc en juillet 2024 que je reprends mon carnet de montagne et que je fais un point sur les sommets restants. Encore 7, qui selon leur proximité, laisse croire que plusieurs ascensions peuvent se faire à la journée. Je décide pour la première fois du projet de partir seul pour réaliser 2 ascensions que j’attendais depuis longtemps : l’Arcalod, point culminant des Bauges avec ses 2217m d’altitude et la Pointe de Chaurionde que nous n’avions pas réussi à rejoindre avec René et Pierre quelques mois auparavant. Partir seul me permet d’aller à mon rythme, de me concentrer sur mes images et d’être ancré dans le présent. Ces heures de marche, dignes d’une longue méditation, me font le plus grand des biens.

Après une longue montée et surtout 400 derniers mètres de petite escalade je finis par atteindre le sommet de l’Arcalod. Je suis seul, sur le plus haut sommet de mon parcours. Je savoure et je contemple la vue. Je peux apercevoir de nombreux sommets déjà gravis mais aussi, plus loin, le Mont-Blanc, les aiguilles d’Arves, la Pointe Percée ou encore la Tournette. C’est simplement beau. Les mots de Jack London dans Martin Eden me viennent en tête : « Ce n’est pas dans ce qu’on réussit à faire que réside la joie, mais dans l’effort qu’on y consacre ».

Après avoir immortalisé ce panorama, je redescends et prends la direction de Chaurionde. Par ce côté, aucun problème et j’atteins rapidement le sommet. En chemin, quelques rencontres éphémères, réconfortantes, viennent casser le rythme rapide que mes jambes m’impose. Je retrouve le plaisir de la marche après ces longs mois d’hiver.

Quelques jours après, je reviens avec Anna, ma conjointe, pour gravir la Pointe des Arlicots et le Grand Parra et ainsi découvrir ces sentiers de crête techniques qui font aussi la réputation du massif. Il faut réussir à bien s’orienter car ces sentiers ne sont pour la plupart non indiqués et non balisés. Après quelques heures de montée, nous arrivons à la Pointe des Arlicots. Il ne faudra pas longtemps avant qu’un traileur équipé de bâtons de trails, aperçu sur la crête quelques minutes plus tôt arrive à notre hauteur. Son visage m’est familier, et je finis par reconnaître Aurélien Dunand-Pallaz, ultratraileur professionnel et actuel détenteur du record de vitesse sur les 14 sommets des Bauges... le hasard fait bien les choses ! Nous discutons quelques minutes, j’en profite pour lui tirer le portrait et chacun repart dans sa direction. Quelle coincidence !

Nous empruntons la crête pour rejoindre le Grand Parra et pour la première fois dans les Bauges la vigilance est vraiment de mise. Ici, pas le droit à l’erreur. De chaque côté, le précipice et le vide. Nous faisons bien attention à nos poses de pied et nous accrochons à tout ce que nous pouvons. Heureusement, nous avons l’habitude des randonnées alpines et faisons de l’escalade. Sur ce type de terrain, ça aide vraiment. Nous croisons d’ailleurs 3 personnes encordées à mi chemin sur la crête. On échange quelques mots et finissons par atteindre, soulagés, ce 11ème sommet des Bauges ! Cette portion, aérienne et technique, restera gravée un long moment. J’aime particulièrement ces phases où la concentration est maximale.

De retour à Annecy, je sais que désormais le chapitre 2 est bien avancé avec 4 sommets réalisés. D’autant plus que les 3 derniers peuvent normalement se faire en une sortie. Je prépare donc ces prochaines ascensions en créant une trace me permettant de tous les rejoindre dans la journée. Afin d’éviter les mauvaises surprises, je regarde des vidéos et lis des articles car une fois de plus certains sentiers ne sont pas balisés.

Je souhaitais finir le projet par moi-même alors je pars seul pour cette dernière longue journée dans les Bauges. Nous sommes le 25 juillet 2024 et j’amorce la montée tôt le matin direction la Pointe des Arces. Il s’agit d’un des sommets les moins fréquentés du massif alors quelle surprise pour ce père et sa fille de me voir débouler au sommet. Nous discutons, puis je repars et j’aperçois un chamois au loin ! J’emprunte la ligne de crête au début puis un sentier bien dessiné pour atteindre le Mont d’Armenaz. J’effectue une courte pause pour manger et reprendre des forces avant la dernière ascension.

Je trépigne d’impatience de monter sur l’impressionnant Pecloz et m’empresse donc de rejoindre le col d’où débute la montée. Le sentier est comme d’habitude plutôt technique sur les derniers mètres et très vite j’aperçois la grande croix me laissant deviner que je suis au sommet. Je lève les bras en l’air et le sourire ne me quitte plus, ça y est, j’ai terminé de gravir les 14 sommets à plus de 2000m dans les Bauges.

Encore une fois, je suis seul au sommet. Je profite pleinement de ce moment, je termine ma pellicule argentique et réalise quelques clichés supplémentaires au numérique avant d’entamer la longue descente jusqu’au parking. Un sentiment d’accomplissement m’envahit et je suis très heureux de m’être lancé sur ce projet. De retour chez moi, j’archive toutes mes images, et la deuxième aventure débute. Réussir à mettre sur pied un portfolio complet et représentatif de toute la beauté dont j’ai été témoin durant ces 9 jours de marche. Le défi me semble vertigineux, à la hauteur des 11000 mètres de dénivelé positif que j’ai dû gravir pour ramener toutes ces photographies.

Ces sommets, que je vois toujours à l’autre bout du lac, ne sont plus une invitation, mais un rappel. Un rappel que l’aventure est au pied de notre porte, et qu’il suffit d’un pas, pour vivre quelque chose d’exceptionnel.

 

REMERCIEMENTS

Un grand merci à toutes les personnes ayant suivi ce périple, m’ayant accompagnées sur les sentiers et à mes partenaires pour le soutien apporté.

Retrouvez toutes les photos de Marius Simon sur son site internet.

© Marius Simon

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