Carnet d'aventures | Dans les pas de Christian Benoit, dernier finisher de l’UTMB 2024

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05/09/2024
Dans les pas de Christian Benoit, dernier finisher de l’UTMB 2024

Entretien avec Christian Benoit, dernier Finisher de l'UTMB 2024

Scène de liesse, foule en délire, émotion totale… Nous manquons d’adjectifs pour décrire l’arrivée des deux derniers finishers de cet UTMB 2024. Ce dimanche 1er septembre, après 46 heures et 45 minutes de course, Christian Benoit et Ikuko Shiga ont franchi la ligne d’arrivée de cette 21ème édition de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. À l’image de Christian Benoit, âgé de 63 ans, les finishers de l’Ultra-Trail courent après les émotions. Dans ses pas, frissons garantis.

 

Bonjour Christian. Tout d’abord, un immense bravo pour votre performance. Vous êtes FINISHER de l’UTMB ! Quelques jours après votre arrivée sur la Place du Triangle de l'Amitié à Chamonix, est-ce que vous réalisez l’immensité de votre exploit ?

Je commence tout juste à réaliser. J’ai reçu de nombreux messages de félicitations de la part de ma famille, de mes amis et des membres de mon club d’athlétisme. C’est juste fou !

 

Vous et la japonaise Ikuko SHIGA êtes les deux derniers finishers de l’UTMB 2024, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

J’ai l’impression de passer pour une vedette alors que ce n’est pas du tout dans mon habitude. Pour ma première participation à l’UTMB, c’est symbolique. J’ai eu tous les honneurs et je ne m’attendais pas du tout à ça.

 

Vous avez été accueillis comme deux véritables rockstars. Pouvez-vous nous décrire vos émotions lors de vos derniers mètres parcourus avant la ligne d’arrivée ? Cette arrivée en fanfare fait-elle partie des plus beaux moments de votre vie ?

Sur le moment, on a du mal à se rendre compte que c’est la fin. C’était magique ! Nous avons tout donné tout au long du parcours et nous avons été accueillis comme des stars. C’est un aboutissement de franchir la ligne d’arrivée, une véritable libération ! C’est sans aucun doute la plus belle course de ma vie, je vais m’en souvenir longtemps.

Comment se sont déroulés les derniers kilomètres de votre course ?

De la Flégère au centre-ville de Chamonix, avec la japonaise, nous avons fait une grande partie de la descente ensemble. Nous étions suivis par les fermeurs de l’UTMB et les membres de l’organisation qui nous ont poussé et encouragé jusqu’au bout. C’était grandiose !

 

Avez-vous pu avoir des contacts avec votre nouveau binôme japonais de fin de course depuis votre arrivée ?

Mon anglais n'est pas terrible donc c'était assez compliqué de communiquer (rires). Je l'ai recroisé avec sa famille juste avant de rejoindre nos véhicules pour rentrer. Tout le monde était très ému.

 

Quelles ont été vos sources de motivation durant ces deux jours de course et sur qui avez-vous pu compter sur place pour la gestion de vos ravitaillements ?

Pour cet UTMB 2024, je suis venu en famille avec mes deux fils. L’aîné a participé à la TDS (148km et 9300m de D+) et le plus jeune s’est chargé de mon assistance durant toute de la course. Ma femme et mon autre fils, quant à eux me suivaient à distance. C’est unique de pouvoir partager de telles émotions avec ses proches.

Contrairement aux élites, vous avez passé deux nuits sur cette course. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces conditions si particulières et la gestion de votre effort ?

Lors de ces 46 heures de course, je n’ai dormi que 10 petites minutes sur un banc. Si je voulais atteindre chaque barrière horaire avant la limite, je ne devais pas trop réfléchir. Je me revois encore rejoindre des points intermédiaires au sprint pour ne pas être déclassé. Ça s’est joué plusieurs fois à la minute. J’ai essayé de prendre les étapes les unes après les autres sans me poser trop de questions.

Concernant la première nuit, celle-ci s’est plutôt bien déroulée. Mon expérience alsacienne sur l’Ultra-Trail des Païens m’a été très bénéfique. La deuxième a été plus compliquée parce que je savais que si je fermais les yeux, j’allais directement m’endormir.

 

Avez-vous pensé à abandonner durant l’épreuve ? Si oui, qu’est-ce qui vous a donné la force de continuer ?

À Orsières, après la montée, j’ai commencé à douter et j’étais à deux doigts de jeter l'éponge. Un groupe de coureurs présent sur le bord de la route a trouvé les mots pour me redonner de la force et me permettre de continuer mon périple. Mon fils était venu à bout de la TDS quelques jours auparavant, alors je me devais d’en faire autant. Le soutien de ma famille a été primordial. Je n’ai jamais abandonné une course jusqu’à maintenant donc je me devais d’aller au bout.

 

Quelle est la plus grande difficulté lorsqu’on participe à un ultra-trail comme celui-ci ?

De garder la lucidité nécessaire pour atteindre la ligne d’arrivée. À l’arrière de la course, nous sommes vraiment parfois seuls au monde et il peut être difficile de trouver son chemin. J’ai même eu quelques hallucinations lors de la course.

 

Pouvez-vous nous décrire votre relation avec les bénévoles qui vous ont accompagné lors de ces deux jours de course ?

De nuit comme de jour, ils sont exceptionnels à tout point de vue ! Je me rappelle d’une des fermeuses de la course qui n’a cessé de m’encourager et de me demander comment j’allais. C’était très touchant. Ils m’ont donné envie de renouveler l’aventure en 2025.

L’année dernière, vous aviez participé à l’ETC (15km et 1 200m de D+). Cette première expérience du côté du Mont-Blanc vous a-t-elle servi cette année ?

Cette première expérience l’an passé m’a forcément aidé lors de cet UTMB. J’avais pu découvrir l’atmosphère de cet événement et l’ambiance qui y règne. C’était une prise de repères qui m’a permis de me mettre dans le bain plus facilement cette année.

 

L’objectif final de votre saison était l’UTMB. Comment s’est déroulée votre préparation et quelles sont les courses auxquelles vous avez participé ?

J’avais coché plusieurs courses dans mon programme dont plusieurs sur des longues distances pour me préparer du mieux possible. En mars, j’ai couru l’EcoTrail de Paris (82km). En avril, j’ai participé aux Championnats de France de Trail Court dans la Drôme. En mai, j’ai participé à l’Ultra-Trail des Païens en Alsace (114km). Enfin, en juin, j’ai effectué le trail de la ½ Barjo en Normandie avant de terminer ma préparation par l’X-Traversé lors du Trail de Verbier St-Benard (17km), début juillet.

 

L’UTMB, c’est véritablement la Mecque du trail ! Était-ce un rêve pour vous de participer à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc ?

Quand je voyais tous ces coureurs dévaler les pentes du Mont-Blanc, je me disais que c’était impossible. Comme quoi, avec un peu de travail et une grande dose de motivation, nous pouvons soulever des montagnes, même en étant Normand (rires).

Toute l'équipe Tonton Outdoor tient à féliciter une dernière fois Christian Benoit pour sa performance exceptionnelle ! Un véritable héros qui suscite une grande admiration.


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