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10/04/25

Tata Emeline

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"Elles tracent leur voie" : la place des femmes dans le sport

"Elles tracent leur voie" : la place des femmes dans le sport

Il est 4h du matin. Sur le flanc du Mont Blanc, dans la nuit noire qui sonne la fin de l’été, le froid me paralyse. Le vent fouette mes joues, la réverbération du fuseau de ma frontale sur la neige étincelante m'éblouit. Je tremble, mais j’avance. Mille et une pensées traversent alors mon esprit. Le doute en mes capacités ne s’immisce pas en moi, mais le questionnement sur la place de la femme dans l'univers de la haute montagne, oui.

 

À quel point les femmes ont dû se battre pour qu’aujourd’hui, je puisse fouler des pieds mon rêve d’enfant ? Quelle chance (si je puis appeler cela ainsi) ai-je d’être encordée là, les crampons enfoncés sur la neige dure du dôme du Goûter, me dirigeant pas à pas vers le plus haut sommet d’Europe ? Combien de femmes ont dû renoncer à leur rêve sous prétexte qu’elles étaient  “trop fragiles”, “pas assez fortes”, “pas faites pour ça” ?

 

Ce matin-là, je porte le visage, non pas de la femme qui gravit le Mont Blanc pour la première fois, mais celui d’un mouvement plus vaste, plus discret : celui des femmes qui, jour après jour, prennent leur place dans un monde qui ne les attendait pas.

 

 

Les femmes ont du retard, qu’elles rattrapent avec brio

Longtemps exclues des terrains de sport, quels qu’ils soient, les femmes se sont toujours battues pour l’égalité des droits, notamment de concourir elles aussi, à juste titre. Malgré le fait qu’elle soit connue, l’histoire est importante à rappeler : pas de participation aux premiers Jeux Olympiques modernes en 1896, des disciplines “féminines” cantonnées à la gymnastique, des équipements de sport inadaptés à la morphologie féminine, des règles souvent (pour ne pas dire tout le temps) absurdes et une invisibilisation persistante.

 

Heureusement, des battantes ont fait avancer les choses par leur audace et leur détermination. C’est le cas de la marathonienne Kathrine Switzer qui court le Boston Marathon en 1967 malgré son interdiction, la boxeuse française Sarah Ourahmoune qui devient championne du monde dans un sport réservé aux hommes, ou encore la skieuse Lindsey Vonn, qui réclame le droit de concourir avec les hommes sur certaines épreuves. Ces noms ne sont que des exemples, ils sont ceux de pionnières, mais elles ne sont plus seules.

 

Les corps parlent plus fort que les voix

Aujourd’hui, dans des sports tels que la boxe ou l’alpinisme, dans les clubs de sport ou les compétitions de haut niveau, dans les entreprises et les milieux professionnels, les femmes sont là. Elles sont là, plus guerrières que jamais. Elles s’alignent. Elles performent. Elles gagnent. Leur simple présence raconte une autre manière de vivre le sport : un sport plus juste, plus égalitaire, plus engagé. Leur corps le prouve, tel un langage, non codé : l’endurance, la souplesse et la ténacité triomphent. L’injustice n’a qu'à s'enterrer.

 

L’évolution des mentalités VS la réalité du terrain 

Derrière l’évolution des mentalités au sujet de la place des femmes dans le sport, les écarts de performance et de régularité entre les hommes et les femmes existent. Pourquoi les hommes enchaînent les titres d’une année sur l’autre quand les femmes font des apparitions de manière furtives sur les podiums ? Pourquoi l’écart de niveau entre les sexes est toujours significatif ? La faute à l’intendance peut-être ? La charge mentale sûrement. Cette réalité tue. Cette phrase détourne les regards, ces mêmes regards qui cherchent un refuge quelque part. La réalité moderne diluée par le déni.   

 

Parce qu’en 2025 soyons réalistes. Dans de nombreux foyers, ce sont majoritairement les femmes qui organisent la logistique quotidienne, des repas aux rendez-vous médicaux, en passant par les devoirs des enfants ou la gestion du linge. Cela est si laid à écrire. Si difficile à admettre. Cette intendance invisible, chronophage et émotionnellement épuisante, laisse peu de place à l’investissement sportif profond. 

 

Se lever à 5h du matin pour s’entraîner avant une journée de travail (qui est soit dit en passant, de la même durée et de la même intensité que celle des hommes, sommes-nous obligés de le rappeler ?), tout en assumant la majeure partie des responsabilités domestiques : cela fatigue le corps, use la tête, ralentit l’élan, freine la motivation, décourage. Là où leurs homologues masculins peuvent souvent se consacrer pleinement à leur progression, les sportives doivent négocier avec le temps. Négocier avec leur énergie. Négocier leur légitimité. Il n’est pas nécessaire de souligner que la performance ne se joue pas uniquement sur le terrain : elle commence dans l’équilibre des rôles au quotidien.

 

Un manque de visibilité : tout à construire

En allumant les chaînes télévisées sportives le constat est net : sur dix sujets, un seul concerne les femmes. Et quand le sujet est tel, il est loin de parler stratégie de jeu, mettant plus facilement en avant la tenue, les émotions et le sourire que la technique et la raison de leur présence : leur performance. Il est terriblement injuste de constater que nous parlons des sportives comme des artistes au XXIe siècle : avec admiration, mais sans reconnaissance.

 

Malgré des avancées notables, leur présence à la télévision sur les chaînes sportives reste largement insuffisante. En France, selon une étude de l’Arcom, seulement 16 à 20 % des contenus sportifs diffusés concernent les femmes. Les grands événements féminins comme la Coupe du Monde de football, Roland-Garros ou les Jeux Olympiques – attirent un pic d’attention médiatique qui retombe aussitôt après.

 

Ce déséquilibre ne concerne pas seulement les compétitions mais également les plateaux télé où les expertes, journalistes ou consultantes sportives sont sous-représentées, et souvent cantonnées à des rôles secondaires. La parole experte demeure largement masculine, notamment dans les sports les plus médiatisés comme le football, le rugby ou la Formule 1, quand tant de voix féminines seraient autant, peut-être plus performantes et adaptées. 

 

Heureusement, des initiatives émergent et certaines chaînes intègrent de plus en plus de programmes mettant à l’honneur le sport féminin. Les réseaux sociaux jouent également un rôle crucial pour visibiliser les athlètes féminines, indépendamment des circuits traditionnels. Les femmes osent, prennent la place qu’on ne leur donne pas assez, ni assez vite, ni assez facilement. Elles documentent leurs entraînements, racontent leurs blessures, partagent leurs victoires. Des comptes comme celui de Marine Johannès (basket), Marion Haerty (snowboard freeride), ou encore Fiona Porte (ultra trail) fédèrent des milliers de personnes autour d’une autre vision du sport : exigeante, libre, puissante.

 

L’ombre du sport féminin

Le combat ne se mène pas que de front. Dans les vestiaires, les réunions, les centres de formation. Dans les rôles et les présences. Aujourd’hui encore, trop peu de femmes sont entraîneures ou présidentes de club. Combien de femmes sont guides de haute montagne ? Et celles qui y accèdent doivent souvent justifier de leur présence. Un homme doit-il se justifier d’être performant

 

Les règles doivent changer pour que le sport devienne un espace égalitaire. Faut-il remodeler les quotas ? Transformer les formations ? Encourager les financements ? Changer les récits ? Tout cela à la fois oui. Une femme qui excelle dans un sport, auparavant perçu comme masculin n’est pas un exploit, c’est un fait. C’est normal. C’est juste. La justice, notre objectif.

 

 

Le sport et l’éducation : le nerf de la guerre

Est-ce normal que nous devions expliquer les règles du jeu pour que les garçons dans la cour des écoles, envoient la balle aux filles ? Est-ce juste qu’une jeune fille doive porter des vêtements de sport amples pour éviter tout commentaire lié à son corps ? Des moqueries, des injures ? Beaucoup d’adolescentes décrochent, non pas par absence de vocation mais par complexe, par mépris de ce corps qui les embête plus qu’il ne les valorise. Ce même corps si fort, si puissant, qui peut les mener si loin.

 

Ici aussi les choses bougent. Certains établissements changent la donne, mettent en place des sections sportives féminines, proposent des séances d’entraînement mixtes, favorisent l’émergence de capitaines féminines Et ça fonctionne : lorsqu’on laisse la place aux femmes pour s'exprimer, elles prennent cette place, avec compétence, avec panache. 

 

Le terrain est roi dans l’égalité des sexes

Si nous revenons à notre expédition sur le Mont Blanc. Je redescends du sommet, marquée à tout jamais par une expérience unique, que beaucoup d’hommes ne vivront jamais. Epuisée mais heureuse, après avoir bravé une tempête imprévue, je retire mon équipement de montagne dont le poids ne m’a jamais contrainte à abandonner (l’une des raisons justifiant la non-présence des femmes en montagne, jadis).

 

De retour dans la vallée je souris, le regard porté plus haut, sur le sommet que je viens de gravir quelques heures auparavant. Je souris et pense à l’enfant que je mettrais au monde un jour. Une fille ou un garçon, qui prendra sa mère comme modèle. Je suis fière. Fière de me dire que je pourrai transmettre des valeurs si puissantes de force, de courage et d’égalité. Ma fille sera forte et courageuse, mon garçon sera attentif et émotif. Ma fille fera de la boxe si elle le souhaite, mon garçon inclura toujours ses copines dans sa discipline favorite. Le chemin est encore long, mais les traces sont là, dans la neige quelque part. Ces traces que j’ai créées et celles que j’ai empruntées à d’autres avant moi. 

 

Le sport ne sauve pas le monde. Mais il reflète ce qu’on en fait. Si les femmes y trouvent leur place, alors le monde avance. Peut-être lentement, mais sûrement...

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