Rencontre avec Elhousine Elazzaoui pour la sortie de son film "The Nomad"

Ce mardi 15 avril 2025, à l’occasion de la projection du film "The Nomad" dans les locaux de Tonton Outdoor à Nantes, nous avons eu le privilège d’échanger avec Elhousine Elazzaoui, traileur de la Team NNormal.

Dans un entretien intime, cet amoureux de la nature revient sur son enfance nomade dans le désert marocain, son quotidien d'athlète professionnel, sa passion pour la course en montagne, son lien avec la marque NNormal, sa relation avec Kilian Jornet et ses rêves pour l’avenir. Une interview vibrante, entre sagesse berbère et passion pour la course à pied.

Entretien avec Elhousine Elazzaoui

Bonjour Elhousine, merci de nous faire l'honneur de ta présence ici, dans la boutique nantaise de Tonton Outdoor. Déjà, comment tu vas ?

Tout va bien. Je suis très content d’être ici, à Nantes dans le magasin de Tonton Outdoor.

Ce soir, nous allons découvrir en avant-première le film “THE NOMAD” en collaboration avec la marque NNormal. Comment t’es venu l’idée de ce court-métrage retraçant ta vie ?

Je suis issu d’une communauté nomade, et je voulais partager ce mode de vie avec le grand public. Ce film est vraiment différent, il présente un autre monde, une autre réalité.

Plus jeune, tu courais pour aller à l’école ou chercher de l’eau. Qu’est-ce qui est différent aujourd’hui ?

On dit souvent que les nomades sont des voyageurs. J’ai grandi dans une famille nomade avec des dromadaires et des chèvres, en étant toujours en mouvement dans la nature. C’est comme cela que j’ai commencé à courir, naturellement.

C’est comme ça que t’es venu la passion de la course à pied ?

C’est arrivé un peu par hasard. Petit à petit, je me suis inspiré d’athlètes marocains comme Saïd Aouita et Hicham El Guerrouj. Un jour, je me suis dit : pourquoi pas moi ? Mais pas sur route ! Je voulais vraiement courir en montagne.

Dans tes interviews, tu cites souvent Hicham El Guerrouj. Il a été une véritable source d’inspiration pour toi. Est-ce que toi aussi tu souhaites devenir une idole pour les jeunes marocains et africains ?

Oui forcément, je suis très admiratif de sa carrière. C’est quelqu’un qui a beaucoup travaillé pour atteindre ses rêves !

Tu es arrivé en 2016 en Europe, en Suisse. Est-ce que venir en Europe était une étape obligatoire pour te lancer dans le haut niveau ?

Oui c'était un passage obligatoire. J’avais déjà gagné plusieurs courses au Maroc, mais je voulais aller plus loin. J'ai eu la possibilité de courir des marathons sur route mais je voulais vraiment faire du trail. La course en montagne m’a permis de viser des compétitions comme le Championnat du monde ou la Coupe du monde. Mon rêve est de décrocher un jour ce titre !

Aujourd’hui, tu voyages à travers le monde grâce à la course à pied. Qu’est-ce que ces aventures t’apportent ?

Un joli proverbe berbère dit : "Voyager ajoute à sa vie". J’aime la course à pied car elle me permet de découvrir d’autres cultures, d’autres horizons. Ce sport m’a ouvert beaucoup de portes.

Tu as fait beaucoup de rencontres, notamment avec la marque NNormal. Comment s’est déroulée cette rencontre ?

J’aime beaucoup cette marque. Elle accorde une vraie importance à la planète, ce qui est essentiel pour moi. J’ai eu la chance de rencontrer cette famille, qui m’a offert des opportunités incroyables afin de me faire grandir dans ma carrière.

Kilian Jornet t’a aussi permis d’évoluer. Aujourd’hui, c’est un collègue, un ami, quelle est votre relation ?

C'est une très bonne personne. C’est plus qu’un ami, c’est comme un membre de ma famille ! C’est quelqu’un de très humain, qui m’a beaucoup encouragé. Le trail a aussi grandi grâce à lui. Il a inspiré des milliers de jeunes. Je suis très fier de courir à ses côtés aujourd'hui.

Tu l’as encouragé lors de la Chianti au mois de mars. Comment avez-vous vécu cette course et plus globalement ce week-end en Italie ?

C’était une course différente, mais une très bonne expérience tout de même. Kilian venait de devenir papa pour la troisième fois et a couru avec une douleur à la jambe. Il a tout de même obtenu un très bon résultat (2ème place) derrière Jim Walmsley et devant Vincent Bouillard. Il a assuré l'essentiel en obtenant son golden ticket pour la Western States. C’est un battant !

De ton côté, tu t'es imposé sur le format 20km pour cette course de rentrée. Tu t’y attendais ? Tu te sentais en forme ?

En effet, c’était ma première course de la saison. Le moment idéal pour réveiller mes jambes et me préparer pour les prochains défis

Aujourd'hui, comment se déroule ton quotidien d’athlète professionnel ? As-tu des routines ou des entraînements spécifiques ?

Je suis un peu un athlète à part. Je ne respecte pas de planning strict (rires). Bien entendu, j’ai un coach qui me guide, mais je reste fidèle à mes sensations. J’écoute mon corps avant tout !

Début mars, la chaussure NNormal Kjerag Brut a fait son apparition sur le marché du trail-running. Quelles sont tes sensations de course avec cette chaussure aux pieds ?

Je l’ai testée, c’est une superbe chaussure de trail, notamment en descente. Plus gobalement, j’aime beaucoup toutes les chaussures NNormal. C'est une marque proche de mes valeurs.

En début d’année, tu es rentré chez toi au Maroc. Tu es même guide touristqiue quand tu rentres au pays. Est-ce important pour toi de retourner aux sources ?

C’est essentiel, vital. Retourner au pays, à mes origines, me permet de recharger les batteries. Retrouver le désert, la nature, ma famille, ça me rappelle qui je suis. Je redeviens un peu nomade, et ça me donne beaucoup de force.

L’année dernière, tu as remporté le Golden Trail Series. Premier Africain à le faire ! Une fierté ?

C’est une immense fierté ! Le Golden Trail est une compétition très respectée avec les meilleurs traileurs du circuit mondial. J’ai été plusieurs fois sur le podium, mais jamais premier. L’année dernière, j’ai enfin pu gagner et devenir le premier africain à remporter ce titre si prestigieux.

Aujourd’hui, tu as 33 ans. Comment envisages-tu la suite ? Des distances plus longues ?

Je prends les choses étape par étape. Je sais qu’un jour, je passerai à l’ultra. Mais je veux attendre le bon moment, ne pas brûler les étapes. Quand je serai prêt, j’irai.

Est-ce qu’on aura la chance de te voir un jour face à Kilian sur une longue distance ?

Pas face à lui, mais avec lui, oui ! Courir ensemble, ce serait un vrai plaisir.

Interview konbini avec Elhousine Elazzaoui

Entre performances de haut vol, enracinement marocain et passion pour la montagne, le traileur originaire de Zagora trace son chemin avec humilité et détermination. Nous lui avons posé nos questions dans un format Konbini version original.

Trail court ou ultra-trail ?